Joyeux Noël
– Anatomie de la délivrance –
Un espace clos. Un espace intérieur.
Un salon ou bien un espace mental.
Un sapin de Noël qui trône à côté d'une batterie qui fera du bruit. Les guirlandes scintillent faiblement, elles s'allumeront, s'étreindront, changeront peut-être de place.
Trois individus : des technicien·nes de maintenance, peut-être, s'agitent puis s'immobilisent, crient puis se taisent, vivent, meurent, re-vivent, re-meurent, re-crient, se re-taisent, un chant de Noël et puis plus rien. Des grands écarts. Inlassablement, quelques chose se ressassent.
Le suicide est un sujet sensible, qui se peut être traumatique.
Il y a quelque chose d'insaisissable et d'irrésolu dans l'acte de se donner la mort : les témoignages sont impossibles, seules demeurent les traces (objets, lettres, testaments) ou la parole de celleux qui sont rest·ées ou revenu·es.
Du suicide assisté au suicide forcé, nous avons cherché des liens jusqu'à comprendre qu'il n'y avait aucune constante, pas de compréhension unique, pas de gestes uniques, mais des multitudes de souffrances menant à un même acte de délivrance.
La mort volontaire nous amène sur la fine frontière entre l'acte individuelle et la responsabilité collective : le suicide nous rappelle notre part de responsabilité dans le bien vivre commun et tout acte suicidaire nous renvoie à une enquête désolée : que s'est-il passé ? Mais surtout : que ne s'est-il pas passé ?
Que ne s'est-il pas passé pour que ce droit inaliénable de vivre ou mourir dans la dignité viennent à manquer ?
A coup de faits divers, de JT, de coachings sur internet, d'enquête auprès d'employé·es du corps médical, nous avons superposé des violences sourdes et des questions restées sans réponses.
Tout cela dans le désordre, de manière agitée, excessive, laissant la joie et l'angoisse cohabiter librement sous les lumières fragiles des guirlandes de Noël.
Credit Photo : Maxime Grimardias