Départ de soi 
C’est une certitude floue, embuée : 
il existe de l’autre côté de la fenêtre un ailleurs désirable. 
Pour le rejoindre il ne suffit pas de casser le carreau, 
il faut se briser soi-même. 

Depuis leur chambre-terrier, 
deux personnes redécouvrent la puissance du rite 
comme outil du départ de soi.
Départ de soi est un spectacle-performance en duo, mené par un musicien féru de musiques traditionnelles et un scénographe qui aime aller au plateau. 
Création bruitiste, gestes destructeurs et offrandes se mêlent dans cette performance dans un dispositif scénographique et machinique en déréliction.  
 
Deux hommes, entourés d'objets ordinaires et d'avatars de leur masculinité, dînent des champignons mal cuits, fument des cigarettes, jardinent, s'ennuient. 
Ils sont enfermés entre quatre hautes fenêtres dans un quotidien aussi enjoué et répétitif qu'un vinyle rayé des Beatles. 
C'est en tombant par hasard sur un enregistrement audio prophétique que se déclenche une recherche sonore frénétique. 
Par le détournement d'une multitude de robots ménagers, ils vont improviser, entre musique noise, bruitiste et drone, le fond sonore d'un rite de passage. 
Sans hiérarchie, sans officiant et ne sachant pas ce qu'ils cherchent à atteindre, ils vont se plonger dans une succession d'actes performatifs révélant hermétiquement leur trouble à exister.
 
Départ de soi s'est nourri de lectures ethnologiques et anthropologiques, tout en prenant garde à ne pas tomber dans l'appropriation culturelle de rituels ethniques. 
Nous voulions expérimenter une rencontre au sein d'une envie de départ partagée et cruciale à nos deux vies: le retour à la terre.  
Nous nous sommes trouvés dans l'image du départ, vers l'intuition et l'énergie iconoclaste d'un théâtre qui brise et crée perpétuellement. 
Nous nous sommes éloignés de la ville, et nous nous sommes rapprochés des forêts d'Ardèche. 
Nous nous sommes rapprochés de ce qui nous entoure, de ce qui nous construit et de ce qui nous entrave. 
Sur notre chemin nous avons convoqué les chants de gorge, telluriques, de l'électro-ménager. 
Nous avons récolté d'autre formes de soi, silencieuses, qui attendent dans les bois et dans les caves poussiéreuses des châteaux.


Credit Photo : Maxime Grimardias