Départ
au Dedans - Anatomie de la réclusion -
Départ au dedans est un dispositif scénographique interactif au travers duquel les spectateur⋅trices peuvent entendre des témoignages de personnes concernées par l'enfermement carcéral, psychiatrique ou quotidien.
Cette création interroge l'enfermement comme un départ du monde que nous connaissons.
Le dispositif est constitué d'une structure centrale - un cube opaque dont les murs sont faits d'un mélange d'objets du quotidien (aspirateurs, panière à linge, planche à repasser, livres, aquariums, étagères, cartons de décorations de Noël, matelas, meuble de salle de bain rempli de serviettes, médicaments, savons, produits ménagers), d'extraits de témoignages écrits, d'articles et de journaux intimes de personnes enfermées, et de papier calque - autour de laquelle s'organisent des îlots solitaires - tables sur lesquelles on trouve du papier, des stylos, des micros, des photographies, des captures d'écrans de textos et des extraits de lettres envoyées du dehors vers le dedans.
Tous les matériaux visibles (lettres, photographies, textos, journaux intimes) sont des matériaux non-fictionnels, les archives intimes de personnes incarcérées, hospitalisées en structure psychiatrique, ou proches de personnes enfermées que nous avons récoltées auprès d'elleux.
Le public, en circulation autour de la structure centrale, peut ainsi entendre des extraits de témoignages - phrases, lettres, chansons - provenant du dedans du cube, où quatre personnes se cachent. Les témoignages sont livrés par des interstices, en chuchotant, où criés comme des appels au dehors ; à l'intérieur ça gratte, tape sur des objets pour se faire entendre, ça interpelle, ça se livre.
A l'extérieur, une actrice guide le public à travers différentes étapes de la représentation. Au cours de celle-ci, le public et les personnes dedans se mettent à communiquer au travers de la structure à l'aide de messages, d'avions en papier, de cris, d'objets, de mains tendues.
Départ au dedans est une expérience sur la coexistence de deux vécus parallèles, dedans et dehors, et pose la question de la réconciliabilité de ces deux espaces, ces deux réalités.
Crédit Photo : Maxime Grimardias
Si le sujet vous intéresse, vous pouvez télécharger ici des éléments de réflexions et pistes documentaires dont l'équipe s'est nourri au cours de cette recherche :
Ce travail de recherche a été l'occasion de rencontrer Anthonin Guillot, qui a témoigné de son expérience en hôpital psychiatrique.
Comment avancer après avoir été confronté à l'hôpital psychiatrique ?
Plusieurs années ont passé, et il doit y avoir un problème car je ressens mes hospitalisations comme des actes de violence.
J'en suis sorti vide, creux, déprimé et terrifié.
Je crains encore chaque jour d'y retourner.
Je reste avec un énorme pourquoi et une rancœur envers le monde psychiatrique.
Le collectif offense a recueilli mon témoignage avec attention et bienveillance et l'a utlisé parmi d'autres pour son passage au Théâtre des Clochards Célestes.
Ils m'ont proposé d'exposer lors de cet événement mes dessins faits en hôpital psychiatrique.
Devenu dessinateur et illustrateur à plein temps, il est important pour moi de dire qu'une vie après l'hôpital est malgré tout possible.
Ses illustrations ont été exposé dans le hall du théâtre, et vous pouvez en trouver un panorama sur son site internet.